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我的叔叔于勒 中法雙語對照

2019-09-30 02:39 作者:基頓的帽子  | 我要投稿

Mon oncles Jules我的叔叔于勒


Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l’aum?ne. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris. Il me dit :?

一個白胡子的窮老漢管我們要錢。我朋友約瑟夫·達伍朗什給了他五塊。我吃了一驚。他和我說道:

— Ce misérable m’a rappelé une histoire que je vais te dire et dont le souvenir me poursuit sans cesse. La voici :

這個可憐人讓我想起了一件事,這件事我一直記得,我來講給你聽吧。事情是這樣的:


Ma famille, originaire du Havre, n’était pas riche. On s’en tirait, voilà tout. Le père travaillait, rentrait tard du bureau et ne gagnait pas grand-chose. J’avais deux s?urs.

我家以前在阿弗爾港,家里的條件一般,不過現(xiàn)在好多了。我父親從前工作很忙,每天在單位忙活到很晚才回來,可是也沒掙著幾個錢。我還有兩個姐姐。

Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides. Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n’existait pas, et il ne répondait rien. Je sentais sa douleur impuissante. On économisait sur tout ; on n’acceptait jamais un d?ner, pour n’avoir pas à le rendre ; on achetait les provisions au rabais, les fonds de boutique. Mes s?urs faisaient leurs robes elles-mêmes et avaient de longues discussions sur le prix d’un galon qui valait quinze centimes le mètre. Notre nourriture ordinaire consistait en soupe grasse et b?uf accommodé à toutes les sauces. Cela est sain et réconfortant, para?t-il ; j’aurais préféré autre chose.

我母親受不了這份窮,經(jīng)常對我父親說些難聽的話,每句話都藏著怨氣。我父親聽了一聲不吭,只是拿手擦擦腦門,像要擦汗,可其實一滴汗也沒有。我看了總是很難過,知道他心里有多不好受。我們家把錢把得很死,別人請客我們從來不去,免得以后還要還席;買東西從來只到商店的最里頭翻,專挑那些減價處理的;我兩個姐姐的衣服都靠自己做,為買條一毛五一米的帶子能講上半天的價。我們一天天吃的都是油乎乎的湯,還有不知道加了多少種作料的牛肉,雖然說吃了沒病,又管飽,可我真想換點別的。

On me faisait des scènes abominables pour les boutons perdus et les pantalons déchirés.

那時我挨過不少呲,就因為丟了紐扣,或者弄破了褲子。

Mais chaque dimanche nous allions faire notre tour de jetée en grande tenue. Mon père, en redingote, en grand chapeau, en gants, offrait le bras à ma mère, pavoisée comme un navire un jour de fête. Mes s?urs, prêtes les premières, attendaient le signal du départ ; mais, au dernier moment, on découvrait toujours une tache oubliée sur la redingote du père de famille, et il fallait bien vite l’effacer avec un chiffon mouillé de benzine.

但每逢周日,我們?nèi)覝?zhǔn)要穿上最好的衣服,一起到碼頭散步。我父親戴上了手套禮帽,穿上了禮服,伸手挽著我母親,我母親活像一艘大船,為慶祝什么佳節(jié)披掛得花枝招展。我兩個姐姐總是最先收拾好,就等著出門,可每到臨走的時候,我父親禮服上總能發(fā)現(xiàn)一塊污漬,于是我們就得往布頭上蘸點粗汽油,趕緊把臟東西擦去。

Mon père, gardant son grand chapeau sur la tête, attendait, en manches de chemise, que l’opération f?t terminée, tandis que ma mère se hatait, ayant ajusté ses lunettes de myope, et ?té ses gants pour ne les pas gater.

這期間,我父親身穿襯衫頭戴大禮帽等著,我母親則調(diào)好近視鏡,接著趕緊把手套脫下來,以免把它們弄壞了。

On se mettait en route avec cérémonie. Mes s?urs marchaient devant, en se donnant le bras. Elles étaient en age de mariage, et on en faisait montre en ville. Je me tenais à gauche de ma mère, dont mon père gardait la droite. Et je me rappelle l’air pompeux de mes pauvres parents dans ces promenades du dimanche, la rigidité de leurs traits, la sévérité de leur allure. Ils avan?aient d’un pas grave, le corps droit, les jambes raides, comme si une affaire d’une importance extrême e?t dépendu de leur tenue.

我們一家像過節(jié)似的上了街。我兩個姐姐手挽手走在最前面,她們已經(jīng)到了出嫁的年紀(jì),正好到城里露露面。我跟在我母親左邊,我父親走在右邊。我依然記得我父母那鄭重其事的樣子,他們邁著莊嚴(yán)的步伐,腰板挺得筆直,腿繃得像打了石膏,仿佛穿了這身衣服就背負了什么重大的使命似的。

Et chaque dimanche, en voyant entrer les grands navires qui revenaient de pays inconnus et lointains, mon père pronon?ait invariablement les mêmes paroles :

每個周日,看著從遙遠而未知的國度駛來的大船,我父親總要說同一句話:

— Hein ! si Jules était là-dedans, quelle surprise !

“唉!要是于勒在上面就好了!”

Mon oncle Jules, le frère de mon père, était le seul espoir de la famille, après en avoir été la terreur. J’avais entendu parler de lui depuis mon enfance, et il me semblait que je l’aurais reconnu du premier coup, tant sa pensée m’était devenue familière. Je savais tous les détails de son existence jusqu’au jour de son départ pour l’Amérique, bien qu’on ne parlat qu’à voix basse de cette période de sa vie.

我的叔叔于勒,我父親的兄弟,曾經(jīng)是家里的掃把星,如今卻是家里唯一的指望。我從小就聽說過他,對他可以說知根知底,要是哪一天真和他碰上,我估計一眼就能認(rèn)出來。從他出生到他去美國這之間的所有事我全都知道,雖然這些事家里人只敢小聲議論。

Il avait eu, para?t-il, une mauvaise conduite, c’est-à-dire qu’il avait mangé quelque argent, ce qui est bien le plus grand des crimes pour les familles pauvres. Chez les riches, un homme qui s’amuse fait des bêtises. Il est ce qu’on appelle, en souriant, un noceur. Chez les nécessiteux, un gar?on qui force les parents à écorner le capital devient un mauvais sujet, un gueux, un dr?le !

他從前是個混世魔王,花錢如流水,這在窮人家可是滔天大罪。在有錢人家,要是誰揮金如土,人們也就笑著叫他一句“公子哥兒”。然而在窮苦人家,誰要是糟蹋了父母的錢,那他就是個無賴,混賬,王八蛋!

Et cette distinction est juste, bien que le fait soit le même, car les conséquences seules déterminent la gravité de l’acte.

這不是什么雙重標(biāo)準(zhǔn),雖然都是揮霍,但二者有著不同的影響,因此才分出了輕重。

Enfin l’oncle Jules avait notablement diminué l’héritage sur lequel comptait mon père ; après avoir d’ailleurs mangé sa part jusqu’au dernier sou.

他把自己那份遺產(chǎn)花得一個子兒不剩,還把我父親指著過日子的那份吞走了一大筆。

On l’avait embarqué pour l’Amérique, comme on faisait alors, sur un navire marchand allant du Havre à New-York.

于是家里把他送去了美國,讓他跟著一艘從阿弗爾起航的大商船去了紐約。

Une fois là-bas, mon oncle Jules s’établit marchand de je ne sais quoi, et il écrivit bient?t qu’il gagnait un peu d’argent et qu’il espérait pouvoir dédommager mon père du tort qu’il lui avait fait. Cette lettre causa dans la famille une émotion profonde. Jules, qui ne valait pas, comme on dit, les quatre fers d’un chien, devint tout à coup un honnête homme, un gar?on de c?ur, un vrai Davranche, intègre comme tous les Davranche.

一到那邊,我叔叔于勒就做起了什么生意,很快他寫了封信,說自己掙了點錢,想要彌補當(dāng)初對不起我父親的地方。這封信在家里激起了千層浪。于勒,這個大家口中的廢物,一下子變成了一個君子,一個善人,一個真正的達伍朗什,又重新被這個家接納了。

Un capitaine nous apprit en outre qu’il avait loué une grande boutique et qu’il faisait un commerce important.

有個船長還告訴我們說他在那邊租了個店面,干的是挺重要的買賣。

Une seconde lettre, deux ans plus tard, disait : ? Mon cher Philippe, je t’écris pour que tu ne t’inquiètes pas de ma santé, qui est bonne. Les affaires aussi vont bien. Je pars demain pour un long voyage dans l’Amérique du Sud. Je serai peut-être plusieurs années sans te donner de mes nouvelles. Si je ne t’écris pas, ne sois pas inquiet. Je reviendrai au Havre une fois fortune faite. J’espère que ce ne sera pas trop long, et nous vivrons heureux ensemble...? ?

兩年后,他寄來了第二封信,信里寫道:“親愛的菲利普,我身體很好,不用擔(dān)心。我這邊都挺好的。我明天去南美洲,要在那兒待好長一陣。你這幾年恐怕聽不到我的消息了。要是一直沒我的信也別著急,我一發(fā)了財就回阿弗爾,但愿咱們能早日團聚,一家人快快樂樂地過日子……”

Cette lettre était devenue l’évangile de la famille. On la lisait à tout propos, on la montrait à tout le monde.

這封信成了我們家的寶。我們一有時間就讀,一碰見人就給他看。

Pendant dix ans, en effet, l’oncle Jules ne donna plus de nouvelles ; mais l’espoir de mon père grandissait à mesure que le temps marchait ; et ma mère aussi disait souvent :

十年來,我叔叔于勒音訊全無,可我父親的信心卻一日強似一日,連我母親也經(jīng)常把這句話掛在嘴邊了:

— Quand ce bon Jules sera là, notre situation changera. En voilà un qui a su se tirer d’affaire !

“什么時候于勒回來,咱家的日子就變了。他可是咱家的救星!”

Et chaque dimanche, en regardant venir de l’horizon les gros vapeurs noirs vomissant sur le ciel des serpents de fumée, mon père répétait sa phrase éternelle :

每逢周日,望著從天際飄來的滾滾黑煙,我父親永遠是那句一成不變的話:

— Hein ! si Jules était là-dedans, quelle surprise !

“唉!要是于勒在上面就好了!”

Et on s’attendait presque à le voir agiter un mouchoir, et crier :

我們等得望眼欲穿,幾乎能看見他揮舞著手絹,朝我們喊道:

— Ohé ! Philippe.

“喂!菲利普?!?/p>

On avait échafaudé mille projets sur ce retour assuré ; on devait même acheter, avec l’argent de l’oncle, une petite maison de campagne près d’Ingouville. Je n’affirmerais pas que mon père n’e?t point entamé déjà des négociations à ce sujet.

我們等著他衣錦還鄉(xiāng),計劃了無數(shù)要買的東西,還打算用我叔叔的錢在安谷維勒附近置一棟鄉(xiāng)間小屋。沒準(zhǔn)我父親已經(jīng)在籌備這事了。

L’a?née de mes s?urs avait alors vingt-huit ans ; l’autre vingt-six. Elles ne se mariaient pas, et c’était là un gros chagrin pour tout le monde.

我大姐那會兒已經(jīng)二十八了,我二姐也二十六了。她們都沒找著人家,她倆的婚事讓家里傷透了腦筋。

Un prétendant enfin se présenta pour la seconde. Un employé, pas riche, mais honorable. J’ai toujours eu la conviction que la lettre de l’oncle Jules, montrée un soir, avait terminé les hésitations et emporté la résolution du jeune homme.

終于,有一個職員向我二姐求了婚,這小伙子雖然沒什么錢,但是個老實人。我記得有天晚上家里把于勒叔叔的信拿給他看過,肯定是這封信幫他下定了決心。

On l’accepta avec empressement, et il fut décidé qu’après le mariage toute la famille ferait ensemble un petit voyage à Jersey.

家里一口答應(yīng)下這門婚事,安排全家等二人成親后去澤西島玩。

Jersey est l’idéal du voyage pour les gens pauvres. Ce n’est pas loin ; on passe la mer dans un paquebot et on est en terre étrangère, cet ?lot appartenant aux Anglais. Donc, un Fran?ais, avec deux heures de navigation, peut s’offrir la vue d’un peuple voisin chez lui et étudier les m?urs, déplorables d’ailleurs, de cette ?le couverte par le pavillon britannique, comme disent les gens qui parlent avec simplicité.

對窮人來說,澤西島是旅行的最好去處。那兒離我們很近,只要乘客輪跨過大海,我們就算是出國了,因為這個島是英國的領(lǐng)土。只需要坐上兩個小時的船,我們就可以見到鄰國的居民,領(lǐng)略到他們的風(fēng)俗習(xí)慣,據(jù)有些直性子的人抱怨說,那島上蓋滿了英式小樓。

Ce voyage de Jersey devint notre préoccupation, notre unique attente, notre rêve de tous les instants.

這場旅行成為了我們唯一的盼頭,大家時時刻刻都想著它。

On partit enfin. Je vois cela comme si c’était d’hier : le vapeur chauffant contre le quai de Granville ; mon père, effaré, surveillant l’embarquement de nos trois colis ; ma mère inquiète ayant pris le bras de ma s?ur non mariée, qui semblait perdue depuis le départ de l’autre, comme un poulet resté seul de sa couvée ; et, derrière nous, les nouveaux époux qui restaient toujours en arrière, ce qui me faisait souvent tourner la tête.

我們出發(fā)了。當(dāng)時的情景我仍然歷歷在目:熱騰騰的蒸汽涌上格朗維勒的碼頭,我父親一臉驚慌地看著我們的三個行李箱被抬上船;我母親滿臉擔(dān)憂地挽著我大姐的胳膊,我大姐從二姐出嫁起就仿佛丟了魂,和母雞離了雞窩似的;走在后面的是那對新婚的夫婦,他倆一直待在最后面,我總是回頭去看。

Le batiment siffla. Nous voici montés, et le navire, quittant la jetée, s’éloigna sur une mer plate comme une table de marbre vert. Nous regardions les c?tes s’enfuir, heureux et fiers comme tous ceux qui voyagent peu.

汽笛鳴響。我們上了船,船駛離海港,開向那平滑如大理石的翠綠海面。我們望著海岸漸行漸遠,滿心的喜悅與自豪,但凡不常出門的人都是這樣。

Mon père tendait son ventre, sous sa redingote dont on avait, le matin même, effacé avec soin toutes les taches, et il répandait autour de lui cette odeur de benzine des jours de sortie, qui me faisait reconna?tre les dimanches.

我父親穿著禮服,禮服下藏著大肚子。出門這天早上,家里把他這件衣服擦洗得一塵不染,弄得他渾身都是粗汽油的味道,我一聞見就想起了那些個周日。

Tout à coup, il avisa deux dames élégantes à qui deux messieurs offraient des hu?tres. Un vieux matelot déguenillé ouvrait d’un coup de couteau les coquilles et les passait aux messieurs, qui les tendaient ensuite aux dames. Elles mangeaient d’une manière délicate, en tenant l’écaille sur un mouchoir fin et en avan?ant la bouche pour ne point tacher leurs robes. Puis elles buvaient l’eau d’un petit mouvement rapide et jetaient la coquille à la mer.

突然間,我父親看見兩位先生在請兩名漂亮的女士吃牡蠣。有個臟兮兮的老水手拿刀撬開貝殼,把牡蠣遞給兩位先生,后者又接過來送給兩名女士。她們吃得很雅致,先用一方手絹拎起貝殼,再探出嘴巴,以免弄臟了衣服,接著又飛快地輕輕一吸,最后把牡蠣殼扔進海里。

Mon père, sans doute, fut séduit par cet acte distingué de manger des hu?tres sur un navire en marche. Il trouva cela bon genre, raffiné, supérieur, et il s’approcha de ma mère et de mes s?urs en demandant :

看見人家在船上吃牡蠣,我父親被這種風(fēng)雅的舉動迷住了。他覺得這么吃特別講究,特別有風(fēng)度,顯得特別有身份,于是朝我母親和我姐姐走過來,問道:

— Voulez-vous que je vous offre quelques hu?tres ?

“要我請你們吃牡蠣嗎?”

Ma mère hésitait, à cause de la dépense ; mais mes deux s?urs acceptèrent tout de suite. Ma mère dit, d’un ton contrarié :

我母親猶豫了一下,考慮著花銷,但我兩個姐姐立馬就答應(yīng)了。我母親不大高興地說道:

— J’ai peur de me faire mal à l’estomac. Offre ?a aux enfants seulement, mais pas trop, tu les rendrais malades.

“算了吧,我怕得胃病。給孩子嘗嘗就行了,少吃點,別吃壞了?!?/p>

Puis, se tournant vers moi, elle ajouta :

她又看了看我,說道:

— Quant à Joseph, il n’en a pas besoin ; il ne faut point gater les gar?ons.

“別給約瑟夫買,不用慣他。”

Je restai donc à c?té de ma mère, trouvant injuste cette distinction. Je suivais de l’?il mon père, qui conduisait pompeusement ses deux filles et son gendre vers le vieux matelot déguenillé.

我只好待在母親身邊,暗怪她偏心。我望著我父親帶著他女婿和我兩個姐姐大搖大擺地走向那個破破爛爛的老水手。

Les deux dames venaient de partir, et mon père indiquait à mes s?urs comment il fallait s’y prendre pour manger sans laisser couler l’eau ; il voulut même donner l’exemple et il s’empara d’une hu?tre. En essayant d’imiter les dames, il renversa immédiatement tout le liquide sur sa redingote et j’entendis ma mère murmurer :

之前那兩名女士剛剛走,我父親教我兩個姐姐怎么吃才能不把水灑出來,為了示范,他拿過一個牡蠣。他剛一模仿人家,就把殼里的水全灑到了衣服上,我聽見我母親嘀咕道:

— Il ferait mieux de se tenir tranquille.

“也不拿穩(wěn)了再吃。”

Mais tout à coup mon père me parut inquiet ; il s’éloigna de quelques pas, regarda fixement sa famille pressée autour de l’écailleur, et, brusquement, il vint vers nous. Il me sembla fort pale, avec des yeux singuliers. Il dit, à mi-voix, à ma mère :

突然間,我父親顯得有些慌張,他退了幾步,望著女兒女婿和那個老水手,然后匆忙走向我們。他臉色煞白,眼神也亂了。他悄聲對我母親說道:

— C’est extraordinaire, comme cet homme qui ouvre les hu?tres ressemble à Jules.

“奇了怪了,那個開牡蠣的長得跟于勒真像?!?/p>

Ma mère, interdite, demanda :

我母親愣住了,問道:

— Quel Jules ?...

“哪個于勒?”

Mon père reprit :

我父親答道:

— Mais... mon frère... Si je ne le savais pas en bonne position, en Amérique, je croirais que c’est lui.

“嗨...就是我兄弟...要不是知道他在美洲,我差點就當(dāng)成他了?!?/p>

Ma mère effarée balbutia :

我母親嚇得結(jié)結(jié)巴巴:

— Tu es fou ! Du moment que tu sais bien que ce n’est pas lui, pourquoi dire ces bêtises-là ?

“煩人!你知道這不是他還說什么?”

Mais mon père insistait :

我父親求道:

— Va donc le voir, Clarisse ; j’aime mieux que tu t’en assures toi-même, de tes propres yeux.

“你自己去看看吧,克拉麗絲,你自己去認(rèn)認(rèn)到底是不是?!?/p>

Elle se leva et alla rejoindre ses filles. Moi aussi, je regardais l’homme. Il était vieux, sale, tout ridé, et ne détournait pas le regard de sa besogne.

她走到我姐姐們身邊。我也跟著去了,打量著那個水手。他又老又臟,滿臉的皺紋,一心全撲在手里的活上。

Ma mère revint. Je m’aper?us qu’elle tremblait. Elle pronon?a très vite :

我母親折了回去。我發(fā)現(xiàn)她在顫抖。她飛快地說道:

— Je crois que c’est lui. Va donc demander des renseignements au capitaine. Surtout sois prudent, pour que ce garnement ne nous retombe pas sur les bras, maintenant !

“應(yīng)該是他。你快去問問船長。問的時候小心點,省得這個王八蛋又回來啃咱們,快去!”

Mon père s’éloigna, mais je le suivis. Je me sentais étrangement ému.

我父親去了,我跟著他。我異常的激動。

Le capitaine, un grand monsieur, maigre, à longs favoris, se promenait sur la passerelle d’un air important, comme s’il e?t commandé le courrier des Indes.

船長是位高大瘦削的先生,留著長長的連鬢胡子,他在舷梯上走來走去,一副不可或缺的氣派,仿佛掌管著和印度的通信似的。

Mon père l’aborda avec cérémonie, en l’interrogeant sur son métier avec accompagnement de compliments :

我父親擺著架子湊上前,一邊就人家的工作問長問短,一邊還不忘奉承:

? Quelle était l’importance de Jersey ? Ses productions ? Sa population ? Ses m?urs ? Ses coutumes ? La nature du sol ?, etc., etc.

“澤西島重要嗎?那兒有什么特產(chǎn)?有多少人口?有什么風(fēng)俗?有什么習(xí)慣?環(huán)境怎么樣?”等等等等。

On e?t cru qu’il s’agissait au moins des états-Unis d’Amérique.

他覺得起碼也得提提美國。

Puis on parla du batiment qui nous portait, l’Express ; puis on en vint à l’équipage. Mon père, enfin, d’une voix troublée :

后來他又談到這艘船,談到船上的成員。終于,我父親不安地問道:

— Vous avez là un vieil écailleur d’hu?tres qui para?t bien intéressant. Savez-vous quelques détails sur ce bonhomme ?

“您船上那個開牡蠣的老水手挺有意思的。您知道他的底細嗎?”

Le capitaine, que cette conversation finissait par irriter, répondit sèchement :

船長聊到這會兒已經(jīng)惱了,他冷冷地答道:

— C’est un vieux vagabond fran?ais que j’ai trouvé en Amérique l’an dernier, et que j’ai rapatrié. Il a, para?t-il, des parents au Havre, mais il ne veut pas retourner près d’eux, parce qu’il leur doit de l’argent. Il s’appelle Jules... Jules Darmanche ou Darvanche, quelque chose comme ?a, enfin. Il parait qu’il a été riche un moment là-bas, mais vous voyez où il en est réduit maintenant.

“那是個法國叫花子,我去年在美國碰見的,我正送他回國。他好像在阿弗爾有親戚,不過他不想回去,說是欠他們的錢。他叫于勒,姓什么達朗芒什還是達朗伍什的,反正差不多這么個姓。他以前好像挺有錢,現(xiàn)在卻淪落成這個樣?!?/p>

Mon père, qui devenait livide, articula, la gorge serrée, les yeux hagards :

我父親蒼白得像死人一樣,喉嚨發(fā)緊,眼神驚恐,說道:

— Ah ! ah ! très bien..., fort bien... Cela ne m’étonne pas... Je vous remercie beaucoup, capitaine.

“哦!哦!好...好...我就知道...謝謝您,船長。”

Et il s’en alla, tandis que le marin le regardait s’éloigner avec stupeur.

他離開了,船長驚訝地望著他走遠。

Il revint auprès de ma mère, tellement décomposé qu’elle lui dit :

他回到我母親身邊,我母親也變了臉色,對他說道:

— Assieds-toi ; on va s’apercevoir de quelque chose.

“坐吧,別讓人家看出來?!?/p>

Il tomba sur le banc en bégayant :

他癱倒在長椅上,磕巴道:

— C’est lui, c’est bien lui !

“是他,真是他!”

Puis il demanda :

他追問道:

— Qu’allons-nous faire ?...

“怎么辦?”

Elle répondit vivement :

她連忙說道:

— Il faut éloigner les enfants. Puisque Joseph sait tout, il va aller les chercher. Il faut prendre garde surtout que notre gendre ne se doute de rien.

“得讓孩子們離遠點。約瑟夫已經(jīng)全都知道了,就讓他去找她們吧。千萬別叫咱女婿覺出有什么不對?!?/p>

Mon père paraissait atterré. Il murmura :

我父親都嚇傻了,咕噥道:

— Quelle catastrophe !

“老天哪!”

Ma mère ajouta, devenue tout à coup furieuse :

我母親一下子火了,說道:

— Je me suis toujours doutée que ce voleur ne ferait rien, et qu’il nous retomberait sur le dos ! Comme si on pouvait attendre quelque chose d’un Davranche !...

“我就知道這個賊啥也干不成,現(xiàn)在又回來吃咱們了!你們達伍朗什家一個好東西沒有!”

Et mon père se passa la main sur le front, comme il faisait sous les reproches de sa femme.

我父親又拿手擦過腦門,和平時挨訓(xùn)時一樣。

Elle ajouta :

她又說道:

— Donne de l’argent à Joseph pour qu’il aille payer ces hu?tres, à présent. Il ne manquerait plus que d’être reconnus par ce mendiant. Cela ferait un joli effet sur le navire. Allons-nous-en à l’autre bout, et fais en sorte que cet homme n’approche pas de nous !

“讓約瑟夫去付牡蠣的錢??蓜e叫這個要飯的認(rèn)出咱們,不然可就有好戲看了。咱們?nèi)ゴ牧硪活^,離這家伙遠遠的!”

Elle se leva, et ils s’éloignèrent après m’avoir remis une pièce de cent sous.

他們給了我一枚五塊,然后就走遠了。

Mes s?urs, surprises, attendaient leur père. J’affirmai que maman s’était trouvée un peu gênée par la mer, et je demandai à l’ouvreur d’hu?tres :

我姐姐們還在那兒驚訝地等我父親。我告訴她們母親有點暈船,然后向老水手問道:

— Combien est-ce que nous vous devons, monsieur ?

“該給您多少錢,先生?”

J’avais envie de dire : mon oncle.

我真想說一句:叔叔。

Il répondit :

他答道:

— Deux francs cinquante.

“兩塊五?!?/p>

Je tendis mes cent sous et il me rendit la monnaie.

我給了他五塊,他找了錢。

Je regardais sa main, une pauvre main de matelot toute plissée, et je regardais son visage, un vieux et misérable visage, triste, accablé, en me disant :

我看了看他那布滿皺紋的手掌,看了看他那張蒼老疲憊、飽經(jīng)風(fēng)霜的臉,自語道:

— C’est mon oncle, le frère de papa, mon oncle !

“這是我叔叔,我父親的兄弟,我叔叔!”

Je lui laissai dix sous de pourboire. Il me remercia :

我給了他五毛的小費,他道謝道:

— Dieu vous bénisse, mon jeune monsieur !

“老天保佑您,好心的先生!”

Avec l’accent d’un pauvre qui re?oit l’aum?ne. Je pensai qu’il avait d? mendier, là-bas !

這完全是乞丐的腔調(diào)。我不禁想道,他在那邊肯定要過飯!

Mes s?urs me contemplaient, stupéfaites de ma générosité.

我姐姐們吃驚地看著我,被我的施舍嚇呆了。

Quand je remis les deux francs à mon père, ma mère, surprise, demanda :

我把兩塊錢還給我父親,我母親驚訝地問道:

— Il y en avait pour trois francs ?... Ce n’est pas possible.

“吃了三塊錢?不會吧。”

Je déclarai d’une voix ferme :

我堅定地說道:

— J’ai donné dix sous de pourboire.

“我給了他五毛的小費。”

Ma mère eut un sursaut et me regarda dans les yeux :

我母親猛然暴怒,瞪著我罵道:

— Tu es fou ! Donner dix sous à cet homme, à ce gueux !...

“敗家子!拿五毛給這個家伙,給這個要飯的!”

Elle s’arrêta sous un regard de mon père, qui désignait son gendre.

我父親給了個眼色,指了指女婿,我母親這才收住。

Puis on se tut.

大家都不說話了。

Devant nous, à l’horizon, une ombre violette semblait sortir de la mer. C’était Jersey.

在我們面前,一片紫色的陰影漸漸從海面浮現(xiàn),澤西島到了。

Lorsqu’on approcha des jetées, un désir violent me vint au c?ur de voir encore une fois mon oncle Jules, de m’approcher, de lui dire quelque chose de consolant, de tendre.

快上岸的時候,我感到一種猛烈的沖動,我想再看一眼我叔叔于勒,陪陪他,跟他說幾句寬心的話。

Mais, comme personne ne mangeait plus d’hu?tres, il avait disparu, descendu sans doute au fond de la cale infecte où logeait ce misérable.

然而他已經(jīng)不見了蹤影,因為沒人吃牡蠣了。他一定回到了自己的住處,下到了惡臭的艙底。

Et nous sommes revenus par le bateau de Saint-Malo, pour ne pas le rencontrer. Ma mère était dévorée d’inquiétude.

我們回去的時候坐了另一艘船,以免再跟他遇見。我母親的擔(dān)憂都寫在了臉上。

Je n’ai jamais revu le frère de mon père !

我再也沒見過我的叔叔!

Voilà pourquoi tu me verras quelquefois donner cent sous aux vagabonds.

你有時候會看見我給流浪漢五塊錢,這就是為什么。


我的叔叔于勒 中法雙語對照的評論 (共 條)

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